Tomato yellow leaf curl virus (TYLCV)*
Virus des feuilles jaunes en cuillère de la tomate
et autres espèces virales associées
Généralités
- Begomovirus transmis par l'aleurode Bemisia tabaci selon le mode persistant circulant, essentiellement inféodé au phloème des plantes.
- Le TYLCV et les espèces virales associées au syndrome yellow leaf curl sont maintenant répandus dans de nombreux pays répartis sur tous les continents*.
- Responsable de chutes de rendement importantes pouvant dépasser les 60 %, en situations d'attaques précoces la récolte peut être entièrement compromise.
- Virus plutôt spécialisé aux Solanacées.
- Observé surtout plein champ, parfois sous abris.
- Famille(s) botanique(s) sensible(s)
Solanacées |
- Zones de production affectées :
Mayotte | Réunion |
Guyane | Nouvelle-Calédonie |
- Organes attaqués
Feuilles |
*L'émergence du syndrome de feuilles jaunes en cuillère (yellow leaf curl) dans de nombreuses zones de production des Solanacées dans le monde a donné lieu à la description de plusieurs souches, puis d'espèces internationalement reconnues : Tomato yellow leaf curl virus (TYLCV, intégrant le virus d'origine ainsi que les souches Israël, Almeria), Tomato yellow leaf curl Sardinia virus (TYLCSV), Tomato yellow leaf curl Malaga virus (TYLCMalV, Tomato yellow leaf curl China virus (TYLCCNV), Tomato yellow leaf curl Kanchanaburi virus (TYLCKaV), Tomato yellow leaf curl Thailand virus (TYLCTHV)... La situation est comparable ToLCV. Soulignons que tous ces virus révèlent des propriétés biologiques comparables. Afin d'éviter les redondances, nous ne développerons que les connaissances portant sur le TYLCV. Celles-ci devraient vous permettre de disposer de suffisamment d'éléments pour pouvoir interpréter et gérer des épidémies liées à de nombreux Begomovirus.
Symptômes
- Symptômes :
- Croissance ralentie voire bloquée, aspect chétif et buissonnant des plantes à cause du développement de nombreux reameaux axillaires, réduction de la longueur des entre-noeuds. Dans le cas d'infections précoces, elles restent naines et ne produisent pas de fruits (figures 1 et 2).
- Folioles, feuilles s'incurvant progressivement vers le haut du limbe, lui conférant l'apparence d'une cuillère 'figures 3 et 4).
- Jaunissement internervaire plus ou moins intense du limbe qui a tendance à durcir, et parfois à prendre une coloration violacée notamment au niveau des nervures en relief sous les folioles (figure 5).
- Chute des fleurs, fruits souvent peu nombreux et petits.
- Confusions possibles : maladie à phytoplasmes, phytotoxicité, etc.
- Signes : aucun signe visible, confirmer l'éventuelle présence d'aleurodes.
Biologie
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Conservation : se maintient sur une gamme d'hôtes plutôt diversifiée affectant surtout la tomate ainsi que quelques autres Solanacées cultivées ou non (tabac, plus sporadiquement poivron, Datura stramonium et Solanum nigrum), mais aussi d'autres hôtes naturels potentiels appartenant à d'autres familles botaniques : haricot, Eustoma grandiflorum (syn. Lisianthus russelianus), Malva parviflora, M. nicaensis, Cynanchum acutum, Euphorbia pulcherrima, E. heterophylla, Dittrichia viscosa (syn. Innula viscosa), Nicandra physaloides, Achyranthes aspera, Amaranthus sp., Sonchus oleraceus, Plantago sp., Mercurialis annua, etc.
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Transmission : par l'aleurode Bemisia tabaci selon le mode persistant circulant**, insecte polyphage très répandu dans toutes les zones tropicales et subtropicales. Notons que plusieurs biotypes de B. tabaci ont été décrits. Ce sont essentiellement les adultes qui assurent la dissémination du TYLC. Pas transmis par contact entre plantes, ni par la graine.
**L'acquisition ou la transmission des particules virales s'effectue au cours de piqûres d'alimentation prolongées localisées dans les vaisseaux du phloème. La période d'acquisition peut varier de 10 à 20 minutes au minimum à quelques heures, voire 1 ou 2 jours. Les nymphes sont aussi efficaces que les adultes pour acquérir le TYLCV. Une fois absorbés, les particules réalisent un cycle dans le corps de l'insecte avant de pouvoir être à nouveau transmis : on parle de « virus circulant ». Ils passent par le tube digestif, la cavité générale, pour se concentrer dans les glandes salivaires. La période de latence ne dure que quelques heures (8 à 24 heures), l'aleurode est ensuite capable de transmettre le virus. Le virus peut être transmis après un temps d'inoculation minimal de 15 à 30 minutes ; il est optimal si le « repas » de l'aleurode dure 6 heures. Les symptômes apparaîtront sur les plantes au moins 2 à 3 semaines après les premières infections. Une fois virulifères, les aleurodes le resteront plusieurs jours (période de rétention), voire toute leur vie (35 à 40 jours) selon les auteurs. Notons que les particules virales sont retenues après la mue, et transmises à la descendance. Il a récemment été mis en évidence que le TYLCV était transmis par voie transovarienne à la descendance de son vecteur sur au moins deux générations. Cette situation a certainement des répercussions épidémiologiques non négligeables.
Protection
- Utiliser des variétés résistantes (tomate).
- Protéger les pépinières et les jeunes plants au champ par des voiles non tissés (type Agryl P17) ou des tissus mailles (type Filbio), etc..
- Contrôler la qualité des plants et vérifier qu'ils aient été protégés y compris lors de leur transport et de leur stockage avant plantation, ceci grâce par exemple à des agro-textiles.
- Sous abri, rendre rapidement ce dernier étanche aux insectes en obstruant les ouvertures avec des filets insect-proof.
- Eviter de mettre en place une nouvelle culture à proximité de cultures anciennes risquant d'être déjà contaminées
- Désherber soigneusement les parcelles et leurs abords afin d'éliminer des sources de virus et/ou de vecteurs.
- Placer des panneaux jaunes englués dans les abris et afin de surveiller la pression d'infestation potentielle en aleurodes.
- Maîtriser les populations d'aleurodes (lutte biologique, protection insecticide).
- Eliminer rapidement les premières plantes infectées si elles sont peu nombreuses.
- Eliminer rapidement les plantes en fin de culture afin que les aleurodes vecteurs ne s'y multiplient et ne représentent pas un danger pour les pépinières ou les cultures à venir.
- Réaliser un vide sanitaire de quelques semaines sous abri. Si vous ne disposez pas de ce laps de temps, l'arrachage des tomates sera précédé d'un traitement insecticide afin de réduire les populations de ravageurs.