Veiller à la qualité de l'eau d'irrigation
La qualité de l'eau d'irrigation est aussi importante que celle des graines et du substrat. Il convient d'être très vigilant, car il n'est pas rare de constater que de l'eau issue d'une rivière ou d'un réservoir de stockage peut être contaminée par Olpidium brassicae, Phytophthora nicotianae, des Pythium spp., Thielaviopsis basicola, ou polluée à partir d'emballages d'herbicide abandonnés. Lorsque des désherbages seront réalisés à proximité de la pépinière, il conviendra de se méfier des embruns éventuels ou des ruissellements possibles.
La qualité chimique de l'eau ne doit pas être négligée notamment dans le cadre des semis flottants. Celle-ci doit avoir un pH compris entre 5 et 7 et une teneur en chlore faible. Il faut aussi qu'elle soit suffisamment pourvue en calcium, soufre et magnésium. Le tabac supporte assez bien le sodium, mais des excès de salinité sont parfois constatés lorsqu'il a pu se constituer une accumulation de cet élément à proximité des racines. Cela survient parfois dans les pépinières irriguées par aspersion. Pour éviter une telle situation, on aura intérêt à conserver les mottes suffisamment humides. Des teneurs trop importantes en bicarbonate sont nocives pour le tabac ; celui-ci induit le rabougrissement des plantules, leur jaunissement et l'incurvation des feuilles vers le sol (figure 1). La teneur en bicarbonate de l'eau peut être corrigée en apportant par exemple de l'acide sulfurique. Des excès ou des manques de bore ont aussi été constatés aux USA. Quelle que soit la situation, nous vous conseillons d'en parler avec votre technicien et de faire analyser votre eau s'il y a lieu.
Nous voudrions attirer votre attention sur les risques encourus par la pépinière de tabac lors de l'apport d'un ou de plusieurs produits, en particulier des pesticides, dans la solution nutritive des semis flottants. En effet, assez rapidement après l'adoption de cette technique, des techniciens, des producteurs ont un peu hâtivement pensé qu'ils pourraient effectuer leurs traitements phytosanitaires par l'intermédiaire de la solution nutritive, en utilisant des pesticides systémiques. Cette mesure, bien que compréhensible et envisageable dans certains cas de figure, ne doit pas être généralisée et comporte quelques contraintes (utiliser un pesticide efficace, disposant d'un spectre et de propriétés adéquates) et des dangers :
- induction de nécroses racinaires et de phytotoxicités diverses à l'égard du tabac (figure 2) ;
- inefficacité de certains fongicides de contact apportés au niveau des racines pour combattre des agents pathogènes aériens ;
- remise en cause de certaines stratégies associant un fongicide de contact à un fongicide systémique déjà concerné par des phénomènes de résistance.
Si l'on y réfléchit bien, cette mesure est un peu une solution de facilité qui peut coûter beaucoup plus chère qu'elle ne rapporte, surtout si l'on considère la faible surface à traiter que représente la pépinière. Son adoption devra être mûrement réfléchie et donner lieu à des expérimentations sérieuses et s'assurer de l'homologation du pesticide utilisé pour ce type d'usage.