Méthodes de protection
- En cours de culture
Il n'existe aucune méthode de lutte curative permettant de contrôler efficacement le virus de la gravure du tabac (Tobacco etch virus, TEV) en cours de culture. Généralement, une plante infectée le restera toute sa vie.
Si des attaques ont lieu en pépinière et qu'elles sont détectées précocement les quelques plantes présentant des symptômes de TEV seront rapidement éliminées et en aucun cas plantées ultérieurement.
Les traitements aphicides sont indispensables pour contrôler les populations de pucerons sur tabac. Malheureusement, ils sont bien souvent peu efficaces pour empêcher les épidémies de virus. En effet, les pucerons vecteurs proviennent fréquemment de l'extérieur de la parcelle et transmettent le virus au cours de brèves piqûres, avant même que l'aphicide n'ait le temps d'agir. Dans certains pays, les difficultés rencontrées actuellement pour maîtriser les pucerons sur tabac, parfois liées à des phénomènes de résistance aux insecticides, ne contribuent pas à améliorer cette situation.
- Culture suivante
Dans le cas du TEV, l'utilisation de variétés résistantes représenterait la solution la plus efficace pour contrôler ce virus, en particulier dans les régions de production où il sévit gravement. Quelques variétés de Burley comme Kentucky 10, Kentucky 14 et Burley 21, montreraient une certaine tolérance au champ à l'égard du TEV. Cette résistance est très partielle et n'est pas d'un niveau comparable à celui présenté par TN 86. Trois autres génotypes (Virgin A Mutant = VAM, SOTA 6505E et Havana 307) disposeraient d'une résistance comparable à celle de TN 86. A notre connaissance, les quelques programmes de sélection envisagés aux USA utiliseraient Havana 307 comme géniteur. Sa résistance serait contrôlée par peu de gènes, peut-être deux. Ce même génotype serait résistant à deux autres potyvirus : le PVY et TVMV.
Il est intéressant de constater que TN 86, VAM, SOTA 6505E et Havana 307 sont résistants au PVY. Ils possèdent le gène récessif "va" (consulter la fiche Virus Y de la pomme de terre). De plus, il semble que le ou les gènes qui confèrent la résistance au TEV sont alléliques, au moins chez trois de ces génotypes. On peut se demander s'il n'existe pas une certaine relation entre la présence du seul gène "va" et la résistance du tabac à ces trois potyvirus. Si c'était le cas, bon nombre de variétés résistantes au PVY seraient résistantes au TEV et au TVMV.
Rappelons toutes les mesures qui ont pour but d'empêcher ou tout du moins, de limiter au maximum l'introduction du TEV et son extension dans les parcelles de tabac.
Dans les pays où les contaminations sont très précoces, il faut protéger les pépinières et les jeunes plants ; pour cela, on peut avoir recours à des agrotextiles (voiles non tissés, tissus maille...). La barrière mécanique ainsi créée retardera les contaminations.
Un désherbage soigneux des pépinières (figure 1), des parcelles et de leurs abords (bordures de haies et de chemins...) sera réalisé afin d'éliminer les sources de virus et/ou de vecteurs.
Il faudra éviter de mettre en place une culture de tabac à proximité de productions sensibles au TEV, en particulier des solanacées (surtout le piment et la tomate, à un moindre degré la pomme de terre ).
L'essor de la biologie moléculaire a ouvert des perspectives fabuleuses en matière de lutte contre les virus. Plusieurs stratégies ont été travaillées afin de contrôler le développement des virus dans les végétaux ; elles ont permis d'obtenir des plantes transformées comportant un gène d'origine virale codant par exemple pour la protéine capside, un ARN satellite, la réplicase virale... Si dans le cas du TEV de tels génotypes transformés ont été obtenus, aucun d'entre eux n'a été utilisé à grande échelle sur le terrain.