Choanephora cucurbitarum (Berk. & Ravenel) Thaxt., (1903)
Pourritures à Choanephora
- classification : Fungi, Zygomycota, Incertae sedis, Incertae sedis, Mucorales, Choanephoraceae
- synonymes : Choanephora heterospora B.S. Mehrotra & M.D. Mehrotra (1962) [1961] ; Choanephora infundibulifera f. cucurbitarum (Berk. & Ravenel) Schipper.
- dénominations anglaises : fruit rot, Choanephora fruit rot, cucurbit flower blight, melon blossom blight
C. cucurbitarum est un champignon opportuniste qui a été signalé dans de nombreux pays répartis en zone tropicale à sub-tropicale : d'Asie (Chine, Inde, Indonésie, Corée, Pakistan), d'Afrique (Benin, Congo, Ghana, Guinée, Kenya, Malawi, Mauritanie, Nigeria, Sénégal, Égypte), plusieurs états des États-Unis, en Amérique centrale et aux Caraïbes, en Amérique du sud (Brésil, Paraguay, Colombie, Pérou, Venezuela) et en Océanie (Australie, Polynésie française, Nouvelle Calédonie).
Il ne semble pas sévir en Europe, et notamment en France.
Il est susceptible de se développer sur une grande diversité d'hôtes :
- chez les Cucurbitacées ; il est rapporté sur pastèque, courgette, diverses courges, citrouille, éponge végétale (Luffa cylindrica) ;
- chez d'autres légumes, notamment le piment, l'aubergine, le radis, le chou fleur, le haricot, le pois, l'épinard, la pomme de terre, mais aussi l'igname, la patate douce, le gombo ;
- chez divers autres végétaux cultivés ou non, comme l'amarante, le niébé, l'hibiscus, le figuier, le cotonnier, le papayer, le haricot kilomètre (Vigna sinensis), le haricot mungo (Vigna radiata), le sorgho, le manioc...
Ses dégâts sur Cucurbitacées peuvent être ponctuellement très important si les conditions climatiques sont clémentes ; dans ce cas, il est responsable de la pourriture d'une proportion importante de fruits.
Principaux symptômes
C. cucurbitarum provoque des pourritures sur les fleurs et par la suite sur les fruits des Cucurbitacées. Celles-ci sont souvent humides et située à l'extrémité des fruits (figure 1). Les tissus affectés, humides et mous, prennent un aspect translucide et une teinte sombre (figure 2). Les fruits peuvent se liquéfier entièrement en quelques jours.
Soulignons que les organes atteints se couvrent d'une moisissure noirâtres plutôt aérienne. Des fructifications en forme de petites têtes épingles apparaissent progressivement. D'abord blanche, elles brunissent et révèlent à terme une couleur pourpre-noire et un aspect luisant (figure 3).
Il conviendra de prendre garde à ne pas confondre cette moisissure avec celle produite par un champignon voisin, Rhizopus stolonifer, qui occasionne des symptômes tout à fait comparables sur les fruits des Cucurbitacées.
Biologie épidémiologie
- Conservation, sources d'inoculum
C. cucurbitarum dispose d'aptitudes saprophytiques élevées et d'un arsenal enzymatique important qui lui permettent de dégrader un grand nombre de substrats, de débris végétaux et de se maintenir dans les sols d'une année à l'autre. Il est également très polyphages comme nous l'avons signalé précédemment et se retrouve sur une grande diversité d'hôtes assurant sa multiplication et sa conservation.
Ses chlamydospores et ses zygospores lui permettent en particulier de se pérenniser.
- Pénétration, invasion
C. cucurbitarum est un champignon opportuniste qui s'installe sur les Cucurbitacées en particulier à partir des organes floraux sénescents. Par exemple les corolles flétries, qui persistent plus longtemps que d'ordinaire en périodes humides, constituent des bases nutritives lui permettant d'abord de s'installer puis dans un second temps de coloniser les fruits et de les faire pourrir. Les étamines et les pistils peuvent être également colonisés.
Il peut également pénétrer les fruits par l'intermédiaire de blessures très variées : fentes de croissance, coup de soleil, nécrose apicale, piqûres d'insectes, chocs divers...)
- Sporulation et dissémination
Ce champignon fructifie souvent abondamment sur les fruits pourris. Les nombreuses spores produites sont disséminées par le vent, la pluie et l'irrigation par aspersion (à l'origine d'éclaboussures, de projections de particules de sol). Certains insectes seraient "vecteurs" de C. cucurbitarum.
- Conditions favorables à son développement
Ses dégâts sont particulièrement graves à la suite de pluies importantes. L'eau libre présente sur les fruits est très propice à son développement.
C. cucurbitarum s'installe préférentiellement sur des hôtes affaiblis et par l'intermédiaire de "bases nutritives" ou de blessures. Il apprécie les climats chauds et humides et se développe particulièrement bien à des températures égales ou supérieures à 25°C.
Méthodes de protection
- En cours de culture
Il est bien souvent difficile de contrôler efficacement C. cucurbitarum en cours de culture. Nous pouvons toutefois préconiser de mettre en place les mesures suivantes :
- gérer au mieux les irrigations afin qu'elles soient régulières et jamais excessives ;
- éviter les irrigations par aspersion, sinon les réaliser en début ou en cours de journée afin de permettre aux plantes de ressuyer rapidement ;
- si des symptômes se manifestent sous abri, il est impératif de réduire l'humidité ambiante en les aérant au maximum ;
- éliminer en cours et en fin de culture les fruits plus ou moins pourris ;
- éviter de blesser les fruits et de les récolter à maturité avancée.
Des traitements fongicides spécifiques ne s'avèrent que rarement nécessaires. Bien souvent, ils sont peu efficaces car des fleurs se forment en permanence et les fruits plus ou moins enfouis dans la végétation ne sont que partiellement protégés.
- Culture suivante
L'efficacité des rotations culturales s'avère assez décevante ; cette situation est certainement due à la polyphagie et aux potentialités saprophytiques de ce champignon
Le sol des futures parcelles de Cucurbitacées sera bien travaillé et drainé afin d'éviter la formation de flaques d'eau. En plein champ, les rangs de plantation seront orientés dans le sens des vents dominants afin que le couvert végétal soit bien aéré. Les plants pourront être mis en place sur des planches. L'utilisation d'un paillage plastique permettra d'isoler en partie la végétation du sol et donc contribuera à réduire les contaminations.
Les autres maladies et déprédateurs devront être maîtrisés car ils sont à l'origine de blessures, de nécroses tissulaires propices à l'installation de C. cucurbitarum. Il conviendra de supprimer et d'éliminer les fleurs et les fruits infectés.
À notre connaissance, aucune résistance à ces champignons n'est signalée chez les Cucurbitacées cultivées.
Enfin, notons que ce champignon est sensible au mycoparasite Piptocephalis virginiana.
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