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Heterobasidion sp.

Le Fomès

 

      Fréquence
      Agressivité
      Impact

 

 

 

 

Position systématique : Champignon - Basidiomycète – Aphyllophorale
Hôtes habituels : Pins et autres résineux

Hôtes possibles mais rares : Boubleau, peuplier, hêtre
Localisation sur l'hôte : Racines, collet

 

 

 

  • Biologie

 

  • Le fomes est un complexe de champignons largement répandu dans l’hémisphère Nord, principalement sur conifères. Il s’agit d’un complexe de trois espèces distinctes:

 

- Heterobasidion annosum : cette espèce infecte principalement les forêts de pins mais elle se développe souvent sur d'autres résineux (épicéa, douglas…) et occasionnellement sur certains feuillus (bouleau notamment). Elle semble majoritaire en France.

 

- Heterobasidion abietinum : initialement décrite sur sapin, elle est aussi trouvée en France sur d'autres résineux et notamment les douglas.

 

- Heterobasidion parviporum : initialement décrite sur épicéa, elle semble moins fréquente dans notre pays.

 

En l’état actuel des connaissances, les trois espèces de fomès ont une biologie très comparable et sont capables de dégâts tout à fait similaires.

 

 

  • La contamination des peuplements indemnes s’effectue à la suite de la germination des spores (basidiospores) entraînées par le vent sur les souches fraîches. La propagation de l'infection se fait par contacts racinaires, d'une racine contaminée vers une racine saine (voir Figure): les spores germent et le mycélium se développe dans le bois, colonisant le système racinaire. 

 

Les fructifications sexuées du fomes, ou sporophores sont généralement pérennes (1-3 ans). Elles se développent surtout au collet des arbres ou sur les souches sous la forme de consoles aplaties ; leur surface supérieure est de couleur acajou à brun-noir, tandis que leur surface inférieure, porée et de couleur blanc-crème, laisse échapper des basidiospores pratiquement tout au long de l’année en plaine, sauf en période de gel ou de fortes chaleurs. La taille d’un carpophore peut être très variable : de quelques millimètres à l’état d’ébauche, pour atteindre de quelques centimètres à quelques décimètres lors de son plein développement ; ces carpophores sont souvent peu visibles, car dissimulés par l’accumulation de feuilles mortes ou par la végétation herbacée.

Les spores peuvent être dispersées à longue distance (plusieurs dizaines voire centaines de km) par le vent. Certaines se déposent au hasard à la surface des souches fraîches qui sont très réceptives dans 1-3 jours qui suivent la coupe d'un arbre. Cette réceptivité diminue rapidement et devient quasi nulle au-delà de 3-4 semaines. Ces spores germent en donnant un mycélium qui va envahir la souche et son système racinaire. Le mycélium pourra ensuite passer dans les racines des arbres voisins à la faveur des contacts racinaires entre des arbres sains et la souche infectée. Selon les essences, le mycélium du champignon colonisera le bois du coeur de l’arbre en provoquant une pourriture, ou alors les tissus sous-corticaux et l’aubier en entraînant la mort de l’arbre.

Le fomes se reproduit de manière asexuée en émettant des spores végétatives appelées conidies ; l’anamorphe (ou forme asexuée) de H. annosum est alors nommé Spiniger meineckellus.

 

Le fomes peut donc se propager de deux manières : sur de longues distances grâce aux basidiospores qui sont à l’origine de nouveaux foyers d’infection, et de proche en proche grâce aux contacts racinaires qui permettent l’extension des foyers de la maladie.

Les souches jouent, d’une part, le rôle de porte d’entrée du champignon dans les peuplements indemnes, et, d’autre part, le rôle de réservoir d’inoculum dans les peuplements contaminés. Enfin, les blessures d’exploitation forestière aux racines et à l’empattement des arbres sont aussi une porte d’entrée possible du fomes dans les  peuplements, mais probablement moins efficaces que les souches fraîches.

 

 

  • Symptômes et éléments de diagnostic

 

- Jaunissement des aiguilles,
- Dépérissement des arbres en taches circulaires,
- Présence de carpophores au pied des arbres ou sur des racines latérales (au niveau de la litière), souvent plutôt sur des souches anciennes. Le carpophore est de forme irrégulière, la croûte du dessus étant de couleur acajou, brun chocolat à noire en vieillissant, alors que la surface inférieure porée est de couleur blanche à crème. Sa taille est variable, de quelques centimètres à plusieurs dizaines de centimètres.

 

 

  • Dégâts

 

S'il est présent en forêt naturelle, les dégâts les plus importants sont observés en forêts résineuses gérées, dans lesquelles sont réalisées des coupes régulières.

La sensibilité des essences résineuses est très variée. La vulnérabilité des peuplements dépend aussi des conditions du milieu et du contexte sylvicole.

Les essences suivantes sont particulièrement sensibles au fomes :

 

- chez les épicéas, le fomes provoque dans un premier temps une coloration du bois du coeur, qui peut remonter depuis le collet jusqu'à plusieurs mètres de hauteur : c’est le « coeur rouge de l’épicéa », qui évolue ensuite vers une pourriture fibreuse blanche, qui est purgé sur coupe, et représente  d’importantes pertes économiques ; très généralement, la vie de l’arbre n’est cependant pas compromise et aucun symptôme extérieur n'est visible.

 

 

- chez le pin maritime dans les Landes de Gascogne, le fomes provoque des mortalités d’arbres mais sans pourriture du coeur ; les mortalités se propagent de proche en proche par contacts racinaires, et forment des taches de dépérissement qui s’étendent progressivement de manière concentrique ; le fomes est ainsi, avec l’armillaire (Armillaria ostoyae (Romagn.) Herink) et le rhizina (Rhizina undulata Fr.), l’un des agents de la « maladie du rond » qui affecte ces pineraies.

 

 

- chez le douglas, les cas de mortalités disséminées ou groupées sont souvent liés à un affaiblissement préalable des arbres, et parfois à des impacts de foudre ; chez les douglas adultes, le fomes peut aussi causer des taches d’altération dans le bois au niveau du collet, à la limite du bois de coeur et de l’aubier.

 

 

- chez d’autres essences comme les sapin pectiné ou de Vancouver, le pin weymouth et le mélèze, le fomes peut provoquer ponctuellement des pourritures du coeur de l’arbre avec ou sans mortalité. Enfin, chez les autres pins, le fomes peut provoquer des mortalités localisées parfois importantes, sans  pourriture de coeur.

D’une manière plus générale, le fomes peut provoquer des mortalités disséminées ou en rond chez tous les résineux ; les jeunes arbres en plantation, affectés de malformations racinaires (chignon, crosse) dues à une mauvaise technique de plantation, peuvent subir des dégâts importants.

Enfin, chez les feuillus, le fomes se rencontre de manière plus anecdotique, sans dégâts notables.

 

 

  • Confusion possible

 

Autres causes de dépérissement des arbres avec mortalités en rond : armillaire, rhizina, foudre, scolytes...

 

 

Lire aussi:

La plaquette Fomès

Enquête Fomes 2009 dans le sud Massif Central (Article santé des forêts 2009)

Facteurs d'installation du fomès dans les Landes suite aux éclaircies (Article santé des forêts 2008)

Évolution de 1982 à 2005 de la répartition de l'armillaire et du fomès dans le massif des Landes de Gascogne (Article santé des forêts 2005)

Le traitement préventif contre le fomès du pin maritime en Aquitaine en 2005 : enquête auprès des exploitants forestiers (Article santé des forêts 2005)

 

 

Dernière modification : 26/06/2024
  • Auteur :
  • D S. F. (Département de la Santé des Forêts)
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