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 Moyens de protection

 

 

La protection intégrée repose sur plusieurs règles de base :

 

1) La prophylaxie

 L’objectif de la prophylaxie est de réduire l'inoculum primaire présent dans les feuilles au sol.

 

La technique consiste à endainer puis broyer les feuilles à l'aide de machines adaptées, de préférence dès la chute des feuilles, sous réserve que l'on puisse rentrer dans les parcelles. Un broyage complémentaire au printemps est recommandé avec celui des bois de taille. L'application d'urée à 5% sur la frondaison pendant la chute des feuilles favorise la dégradation des feuilles par la microflore et les vers de terre, et inhibe la formation des pseudothèces, mais peut favoriser le développement du Chancre Européen dans les régions où il sévit.

 

 La maîtrise de la croissance des arbres joue également un rôle essentiel. Il convient d’éviter un excès de fumure, et on privilégiera une taille aérée limitant la croissance des pousses végétatives.

 

2) la protection fongicide raisonnée

 L’objectif du contrôle fongicide est de bloquer les contaminations primaires. L’absence de maladie en fin de contaminations primaires permet d’arrêter la protection contre la tavelure.

 En cas de présence de taches la protection devra être poursuivie durant l’été en respectant les délais avant récolte (DAR). Des seuils d’incidence pour la décision de poursuite des traitements en été ont été définis pour certaines variétés.

 

 Le principe consiste à ne traiter qu’en cas de risque d’infection (voir onglet Evaluation des risques). La détermination des périodes d’infection nécessite l’utilisation de données climatiques : durée d’humectation, température, pluviométrie, hygrométrie.

 La protection préventive à l'annonce de chaque évènement contaminant, est privilégiée. Elle débute lorsque les pseudothèces sont mûrs et permettent la projection d’ascospores (informations BSV), et dès que le stade sensible (C-C3) est atteint. Le minimum pour l’arboriculteur est de recevoir les informations du BSV et de suivre les conseils donnés par les techniciens. Il existe des modèles permettant de prédire les risques à partir de données météo prévisionnelles.

 

Différents types d’intervention sont possibles :

- en préventif avec un produit de contact (multisites) ou certains unisites (familles des anilinopyrimidines, des strobilurines, des SDHi)

- en « stop », c’est-à-dire dès que le risque est atteint, avec un produit de contact dans un délai de 24 à 48 heures selon le produit, après le début de la pluie contaminatrice

- en curatif, avec un produit de la famille des IBS (Inhibiteurs de la Biosynthèse des Stérols), 3 à 4 jours après le début de la pluie contaminatrice selon le produit.

 

 Le choix des produits doit se faire selon le type d’agriculture (conventionnelle ou biologique) parmi la liste homologuée (site e-phy) et le respect des préconisations concernant l'utilisation des produits (voir la Note Tavelure éditée par la DGAL).

 Les IBS sont à proscrire par temps froid (moins de 12°C), et doivent être systématiquement appliqués associés avec un contact, pour limiter les risques d'apparition de souches résistantes. Les anilinopyrimidines sont à utiliser avant la floraison, associés aussi à un contact, et appliqués sur feuillage sec. Les stobilurines sont considérées comme préventives, et doivent être appliquées sur feuillage sec avec un temps de séchage de 3 heures, associées également à un produit de contact. 

Attention : dans les régions où l'existence de souches de tavelure résistantes aux IBS, aux Strobilurines, ou aux Anilinopyrimidines est avérée, s'abstenir d'utiliser ces produits.

 

 On renouvellera le traitement après :

- un lessivage, car la protection est mise en défaut avec 20 à 25 mm de pluie pour la plupart des produits

- une forte croissance végétative, car les feuilles sorties après le traitement ne sont pas suffisamment protégées, sauf si le produit utilisé est un systémique (IBS).

 

 En cas de présence de symptômes de tavelure dans le verger à la fin des contaminations primaires, la protection devra être poursuivie durant l’été en fonction des risques d’infection avec un produit de contact. En Agriculture Biologique, on privilégie les doses faibles de cuivre (en Italie on recommande 100g de cuivre métal à l'hectare) associées au soufre (attention cependant à la phytotoxicité du soufre en cas de fortes chaleurs). 

 

 L’utilisation de produits curatifs sur taches déclarées est à proscrire, car cela augmente les risques d’induire l’apparition de souches résistantes. Les traitements cupriques à la chute des feuilles sont inefficaces.

  

NB. En Agriculture biologique, la bouillie sulfocalcique doit être appliquée dans un délai de 300 degrés-heures après le début de la pluie (ou pour être plus précis de 250 degrés-heures après le début de l'infection, lequel est matérialisé par le début de la courbe RIM sur le modèle RIMpro), et pas avant celle-ci pour être efficace.

 

 L'observation de la pousse, et des nouvelles feuilles sorties permet de s'assurer que le produit reste efficace.

 

 La tavelure de conservation ssera évitée par des traitements de pré-récolte (usage maladies de conservation) positionnés avant l’épisode pluvieux tout en veillant à respecter le délai avant récolte (DAR). Les traitements de post-récolte sont inefficaces.icaces.

 

 

3) Le niveau de sensibilité des variétés

 

 L’objectif est d’adapter la lutte fongicide en fonction du niveau de sensibilité des variétés.  Différents niveaux de risques ont été définis selon la sensibilité variétale.  Quel que soit le niveau de sensibilité variétale, la prophylaxie reste préconisée.

 

- Cas des variétés sensibles :

 Tous les risques d’infection doivent être protégés par un traitement fongicide.

 Lors des épisodes de forte projection d’ascospores associée à un fort risque d’infection, il est recommandé d'encadrer  l’épisode avec un préventif positionné au plus près de la contamination et un stop ou un curatif immédiatement après. 

 

- Cas des variétés peu sensibles ou à résistance partielle :

 Pour obtenir un niveau suffisant de contrôle de la maladie, il est nécessaire de réaliser des traitements fongicides lors des risques majeurs d’infection. Cependant, il n’est pas indispensable de protéger les faibles risques d’infection.

 

- Cas des variétés à résistance totale (aux races communes de tavelure):

 Pour limiter le risque de contournement des gènes de résistances variétales, il est nécessaire de réaliser des traitements fongicides lors des risques majeurs d’infection, surtout pendant la période allant du stade E (bouton rose) au stade GH (chute des pétales).

 Il faut également surveiller attentivement le verger, pour réagir en cas d'apparition de contournement.

 Dès l'apparition du contournement, considérer la variété comme une variété sensible et la traiter comme telle, au moins pendant les premières années. Dans les pays du nord de l'Europe (qui vivent avec le contournement depuis plus longtemps), on considère qu'après 3 ans de traitements "intensifs", on peut revenir progressivement vers un allègement, pour aboutir à une stratégie combinant la prophylaxie avec des traitements limités aux risques majeurs d’infection. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dernière modification : 28/09/2016
  • Auteurs :
  • M Giraud (CTIFL)
  • V Caffier (INRA)
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