Les grands mammifères ongulés
Cerfs, chevreuils, sangliers
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Le grand gibier est devenu aujourd’hui, dans de nombreuses régions, une des principales causes de dommages en forêt. L’accroissement des dégâts correspond toujours à une rupture de l’équilibre sylvo-cynégétique qui peut être liée à deux facteurs intervenant séparément ou conjointement : une augmentation des populations dans un milieu donné ou bien l’évolution du milieu qui devient inadapté à une population donnée.
Bien que les prélèvements de l’homme, encadrés par le plan de chasse, aient été multipliés par 4 depuis 20 ans, ils ne sont toujours pas à la hauteur des populations réelles, qui se sont considérablement accrues. Par ailleurs, l’activité chasse, dont le revenu immédiat est bien souvent supérieur à celui de la vente des bois pour un investissement plus faible, entre fréquemment en concurrence avec la sylviculture.
- Dégâts
Effets immédiats:
Le grand gibier intervient sur la forêt de plusieurs façons :
- consommation des grosses graines (glands, faînes) : c’est le sanglier qui en est l’agent principal mais l’impact sur la régénération est globalement assez faible,
- arrachage des plants récemment plantés : ce comportement, observé dans les jours qui suivent la plantation et qui affecte essentiellement des plants en godet est en général l’oeuvre des sangliers. Cet arrachage s’opère souvent sans aucune consommation mais les plants sèchent et meurent rapidement,
- abroutissement : il s’agit d’une consommation du végétal ligneux, notamment des jeunes pousses, nécessaire au métabolisme des ruminants (cerf, chevreuil). Ces dégâts peuvent affecter toutes les essences mais certaines sont particulièrement appréciées. Les dommages les plus importants sont le fait du cerf, en particulier à cause de sa taille qui lui permet d’atteindre une hauteur de 1,80 m. Le chevreuil peut aussi effectuer des consommations importantes sur des rejets de taillis ainsi que sur de jeunes plants récemment installés,
- écorçage : cette consommation du végétal concerne l’écorce et affecte essentiellement des arbres de 15 à 30 cm de diamètre, résineux (épicéa…) comme feuillus (châtaignier…). Il est dû au cerf. Les dégâts s’opèrent particulièrement en hiver,
- frottis : ce dégât, dû aux mâles des espèces cerf et chevreuil, est consécutif au frottement des bois des animaux sur les végétaux. Le but de l’animal est de marquer un territoire mais aussi de débarrasser ses bois de la peau qui a permis leur repousse (velours). Ces frottis peuvent entraîner la mort de la partie qui se trouve au-dessus de la zone altérée. Les arbres de 5 à 15 ans sont les plus affectés par le chevreuil mais le cerf peut s’attaquer à des arbres beaucoup plus gros, jusqu’à 10 cm de diamètre.
Toutes les essences ne sont pas attaquées de la même façon par le gibier et les différences de sensibilité sont donc utiles à connaître pour mieux choisir les espèces à planter. Les feuillus (chênes, merisier…) et le sapin par exemple sont plus consommés que le pin maritime. Il est par ailleurs notoire que les espèces nouvellement introduites dans un milieu, notamment les essences exotiques, sont beaucoup plus attractives que les espèces en place.
Effets différés ou induits:
Au niveau individuel, frottis et écorçages entraînent la destruction du cambium et sont à l’origine de bourrelets cicatriciels qui altèrent la qualité technologique du bois, même si peu de cas de surinfection par des pathogènes du tronc sont observés. Certaines essences (douglas) cicatrisent mieux que d’autres (épicéa, sapin…).
Mais au-delà des dégâts ponctuels, c’est l’importance des atteintes à moyen et long termes au niveau des écosystèmes et du potentiel de production qu’il convient d’évaluer. Les pertes occasionnées par le gibier s’intègrent-elles ou non dans la réduction normale de la densité de tiges au cours de la vie des peuplements ?
C’est l’abroutissement du cerf qui affecte le plus les peuplements à terme. Les mutilations répétées des jeunes arbres limitent fortement leur croissance et déforment les tiges. L’effet cumulatif et localisé des dégâts sur les régénérations naturelles ou les plantations peut déséquilibrer les classes d’âge et remettre en cause les objectifs sylvicoles. Par ailleurs, une réduction de la biodiversité peut être observée : dans les Vosges par exemple, le sapin peut disparaître des régénérations au profit de l’épicéa, conduisant ainsi à des peuplements monospécifiques.